mardi 24 mai 2016

Financer l'acquisition d'une entreprise : conseils de banquiers !

Le parcours du repreneur pour financer la reprise d'une société comporte des pièges et des obstacles. Les banques tiennent un langage de vérité. « On ne doit pas oublier que le crédit d’acquisition d’une entreprise est un financement non productif ». Conseils et observations de professionnels du financement des acquisition d'entreprises.   


Financer l'acquisition d'une entreprise : conseils de banquiers
Quels conseils au repreneur ?  Avoir une culture de la TPE/PME (on devient très vigilant face au manager repreneur issu d’un groupe qui n’a pas de vécu professionnel avec les entreprises familiales), être du métier, bien acheter, être méfiant, faire un audit sérieux d’acquisition, identifier l’existence de marge de manœuvre ou les gisements d’économie et de création de valeur en interne et en externe, être aidé par un chef d’entreprise et les réseaux d’accompagnement, limiter son salaire les premières années,...

Quels critères pour approcher la valorisation de la société à reprendre ?  
La banque garde un sens critique sur la valorisation mais elle n’a pas vocation à évaluer une société :
  • la valorisation est surtout fonction du cash flow (résultat net plus amortissement) de l’entreprise et sa capacité à remonter du dividende. On est attentif à ne pas assécher la cible par le prélèvement de dividendes qui ne doit pas dépasser 50 à 70 % maximum du résultat net prévisionnel
  • la valeur ne devrait pas excéder 5 à 7 fois l’EBE moyen et de 6 à 8 fois le résultat net moyen des trois derniers exercices
  • les investisseurs financiers raisonnent aussi sur : 5 fois l’EBE – la dette nette (endettement financier + ou – la trésorerie).
Quand les acquisitions résultent d’une opération de croissance externe, pour des entreprises très dynamiques avec une rentabilité récurrente, on a parfois des valorisations déconnectées de ces paramètres. Les sociétés peuvent se vendre bien au-dessus des données habituelles de valorisation et cela s'avère quand même une bonne opération pour les acquéreurs.  

Apport personnel minimum du repreneur de 20 à 30 %   
Nous veillons à une implication financière du repreneur avec un apport minimum de 20 à 30 % du prix d’acquisition. Il peut arriver d'avoir un ratio de fonds propres/endettement de 50/50.
Faut-il acquérir l'immobilier dès le départ de la reprise ?  
Le repreneur individuel veut souvent acquérir rapidement l’immobilier, qui est une source complémentaire intéressante de constitution patrimoniale. Cette opération ne doit pas être forcément une préoccupation prioritaire à la reprise de l’entreprise. L’endettement immobilier qui s’ajoute à celui de la dette senior est souvent pénalisant au départ de la reprise car il limite la capacité d’endettement nécessaire au renouvellement de l’outil de production et aux imprévus.  

Données de la " dette senior "  
La dette senior (ou le crédit d'acquisition) est contractée sur une durée de 7 ans. Elle ne devrait pas dépasser 3 à 4 fois la capacité d’autofinancement. Parfois, le repreneur peut négocier un différé d’amortissement la première année de la reprise. Le montage LBO avec constitution d’une société holding pour porter la dette d’acquisition se généralise.

Quelles garanties ?  
BPIFRANCE est systématiquement sollicité pour partager le risque financier de l’opération. Le partage de l’opération avec d’autres banques est courant (même pour des crédits inférieurs à 500 000 €), parfois dans le cadre d’un contrat de prêt unique (une banque est porteur de plume pour les autres) avec constitution de garanties communes aux banques intervenantes. 

Prévoir toutes les lignes de crédit  
Il faut prévoir les lignes du court terme et travailler en priorité sur la mobilisation du poste client : affacturage, Dailly, escompte commercial… Le découvert est généralement conditionné par la caution personnelle du dirigeant. Il faut aussi anticiper pour le renouvellement courant des biens d’équipements avec la négociation des crédits adaptés (prêt à moyen terme, crédit-bail,...). 
Business plan sur 3 ans  
Nous avons besoin de la part du repreneur d’un business plan sur 3 ans minimum. Il faut tenir compte de l’intuitu personae du cédant dans la performance  pour apprécier la capacité d’autofinancement prévisionnelle et prévoir « un coup de mou » dû aux changements au moment de la reprise.  
Ratios à surveiller après la mise en place du crédit d’acquisition 
Les opérations LBO font l’objet d’un suivi particulier de la part des banques. Au-dessus de 500 000 €, les banques demandent souvent, dans la période de remboursement de la dette, le respect de certains ratios prudentiels de structure financière :
  • la dette financière nette/EBE doit demeurer inférieure ou égale à 3,5 années
  • la dette financière à terme/MBA doit être inférieure à 4 années

Jean-Yves LESTRADE, conseil et rapprochement d’entreprises (Lorraine, Alsace, Champagne Ardenne) 
Tel : 06 08 31 68 86

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